Cette année 2022, le congrès annuel des Plus Beaux Détours de France s’est tenu à Dinan, en Bretagne. L’occasion rêvée pour partir explorer les châteaux des Plus Beaux Détours locaux !

Château de Dinan, dans les Côtes-d’Armor

Le château de Dinan est un monument emblématique de la cité bretonne ! Dès le Moyen Âge, l’ancêtre de celui que nous pouvons admirer aujourd’hui est représenté sur la tapisserie de Bayeux !

En effet, à cette période, Dinan est l’une des villes les plus importantes du duché Bretagne. À la fin du XIIIe siècle, la ville est entourée de l’enceinte urbaine la plus vaste de Bretagne.

© VanessaGpics

En 1380, le duc Jean IV, de retour d’exil en Angleterre, désire affirmer son pouvoir sur les villes de son duché. Il entreprend de nombreuses constructions et notamment à Dinan, cité qui s’est longtemps refusée à lui. Il confie au maître d’œuvre Etienne Le Tur un projet architectural monumental : la construction d’une imposante tour résidence, de plus de 45 mètres de haut, sur l’enceinte urbaine de la ville.

À l’intérieur, la hiérarchisation des espaces et la qualité des décors participent à la mise en scène du pouvoir des ducs de Bretagne, pour la population de Dinan, mais également pour le roi de France. En effet, l’ensemble n’est pas sans rappeler le donjon de Vincennes, bâti par le roi Charles V, longtemps ennemi du duc.

Au cours des Guerres de Religion, la forteresse devient un fief de la Ligue catholique. Elle est alors reliée aux autres ouvrages défensifs de la ville, dont la tour Coëtquen.

Délaissée au XVIIe siècle, elle est transformée en prison et de nombreux marins anglais y sont emprisonnés tout au long du siècle suivant. C’est à cette période que le donjon perd sa toiture au profit d’une terrasse.

Dès le début du XXe siècle, la commune rachète le château pour abriter les collections du musée municipal. Restauré, puis rouvert au public en 2019, son nouveau parcours muséographique vous permet d’en apprendre davantage sur l’art de la guerre au XVe siècle et la vie quotidienne dans une résidence princière. La terrasse, au sommet de la tour, vous offre également une vue époustouflante sur la ville et ses alentours.

vue depuis le château de Dinan
© VanessaGpics

Château de Fougères, en Ille-et-Vilaine

Après le donjon princier de Dinan, partez à l’assaut de la plus grande forteresse médiévale d’Europe : le château de Fougères !

© VanessaGpics

Depuis l’an mil, l’édifice est l’un des pivots de la ligne de défense des Marches de Bretagne. Il fait ainsi partie de la douzaine de châteaux-forts qui protègent le duché breton de ses puissants voisins : Anglais en Normandie et Français en Anjou et dans le Maine.

Fougères, située à un carrefour de routes commerciales revêt d’autant plus d’importance.

Au XIe siècle, une motte castrale, édifice en bois, est érigée sur un éperon rocheux, dans un méandre du Nançon, qui fait office de douves naturelles. Cet embryon défensif est agrandi, fortifié, remodelé, pendant cinq siècles, au gré des évolutions techniques, des batailles et des seigneurs successifs, pour devenir la forteresse que l’on admire aujourd’hui.

Outre sa fonction défensive, le château de Fougères se doit aussi de refléter la puissance de ses propriétaires : famille Fougères puis Lusignan au XIIIe siècle, comte d’Alençon frère du roi de France au milieu du XIVe siècle, puis les ducs de Bretagne eux-mêmes au XVe siècle !

© VanessaGpics

Après le mariage, en 1532, d’Anne de Bretagne et Charles VIII, le château de Fougères revient à la couronne de France. Il perd ainsi sa fonction première de défense du duché de Bretagne : les gouverneurs militaires se succèdent à sa tête. Il est même transformé en prison au XVIIIe siècle.

Pendant la Révolution, la forteresse médiévale est prise par les Vendéens et les Chouans, contre-révolutionnaires. C’est cet épisode qui inspire Honoré de Balzac lors de son séjour dans le château en 1828, il écrit ainsi ensuite le roman Les Chouans.

La visite de ce monument millénaire, hors du commun, vous plonge au cœur des luttes et épopées médiévales qui ont fait l’histoire du château, mais également de la Bretagne et de la France !

Château de Vitré, en Ille-et-Vilaine

Restez dans les Marches de Bretagne, à la découverte du château de Vitré, autre forteresse féodale parfaitement conservée !

© Mairie de Vitré : JF Leroux

Fondé sur un promontoire rocheux de schiste, le château de Vitré domine la Vilaine et la ville depuis le XIe siècle. On peut encore admirer le portail roman de cette première forteresse dans la cour du château.

Le baron de Vitré, Robert Ier, entreprend, au XIIIe siècle, de fortifier la ville et de reconstruire son château dans la forme triangulaire qu’il conserve aujourd’hui. Il est fortifié au fil du temps, jusqu’au début du XVe siècle où le château-fort prend sa silhouette définitive.

Dans les décennies et siècles qui suivent, les intérieurs sont aménagés en résidence seigneuriale pour accommoder les barons de Laval et Vitré et leurs épouses. C’est ainsi que sont aménagés, une salle d’étuve (ancêtre de notre sauna), une galerie de circulation et un oratoire de style Renaissance.

Pendant les guerres de Religion, Vitré et son château, possession des familles Rieux, puis Coligny, sont un bastion huguenot, qui résiste à un siège de 5 mois. Dans le même temps, entre 1564 et 1583, le château abrite, à trois reprises, le Parlement de Bretagne, alors que sévissent, à Rennes, des épidémies de peste.

Aux siècles suivant le château est progressivement déserté, puis transformé, lui aussi, en prison. C’est à partir de 1877 qu’il trouve sa vocation définitive : celle de musée ! À votre tour, arpentez les couloirs et escaliers des Tours Saint-Laurent, de l’Argenterie et de l’Oratoire pour replonger dans l’histoire du château. Profitez de votre visite pour contempler la vue plongeante sur la ville et ses toits, puis, en redescendant, admirez l’édifice néogothique, accolé. Bâti au début du XXe siècle, pour abriter l’Hôtel de Ville, son architecture évoque le logis seigneurial renaissance, détruit et la Révolution.

Château de Pontivy, dans le Morbihan

Partez ensuite des Marches au cœur de la Bretagne, pour découvrir le château de Pontivy, forteresse militaire bâtie à la fin du XVe siècle par Jean II de Rohan, dit « Grand Vicomte » !

© Emmanuel Berthier

Depuis la fin du XIVe siècle, la puissante famille de Rohan a fait de Pontivy la capitale de sa vicomté. Le premier château féodal de la ville, situé en contrebas du château actuel, est très endommagé par les différents conflits survenus au cours des siècles précédents.

Ainsi, Jean II de Rohan, entreprend, en 1479, de fonder un nouveau site castral à flanc de coteau. Le nouvel édifice allie la forteresse militaire typique de l’époque, agrémentée d’un logis seigneurial raffiné. Familier de la cour de France, il fait notamment ajouter des systèmes d’écoulement des eaux de pluie ou encore des latrines.

Parmi les sculptures qui ornent la toiture, on trouve une figuration de la Fée Mélusine, mais également un portrait de Jean II, qui rappelle ainsi sa puissance.

Dès 1488, la forteresse est prise par le duc François II de Bretagne, adversaire du vicomte de Rohan, mais elle lui est rendue deux ans plus tard. Elle devient un fief protestant au siècle suivant.

Le logis seigneurial, situé à l’est et au sud de l’édifice, est arasé au XVIIe siècle pour devenir une terrasse d’artillerie puis un jardin d’agrément. Seules subsistent, depuis lors, les ailes Nord et Ouest.

En 1940, la forteresse de Pontivy est témoin d’une tentative de déclaration d’indépendance bretonne ! Le 3 juillet 1940, le Comité National Breton, composé de plusieurs centaines de militants, se réunit au château de Pontivy pour proclamer l’indépendance de la Bretagne, mais le projet échoue finalement.

Soumis aux aléas du temps et de la météo, la forteresse de Pontivy a dû être restaurée à plusieurs reprises après la Seconde Guerre mondiale. La dernière restauration remonte à 2016, après l’effondrement d’une des courtines du château pendant une tempête hivernale deux ans plus tôt. Les visites ponctuelles, notamment pendant les vacances scolaires, ont repris depuis 2019 pour le plus grand bonheur des visiteurs !

Le Château de Bélon et ses huîtres,
dans le Finistère

Dernier arrêt, en Finistère ! Rendez-vous au château de Bélon, à 6 km de Pont-Aven, ancien château-fort médiéval, protecteur de la rivière du Bélon. Il s’est vu adjoindre au XVIIIe siècle une belle façade classique blanche que l’on peut encore admirer aujourd’hui.

Mais la star des lieux n’est pas le château, habité par la famille de Solminhac depuis le XIXe siècle, mais bien leur savoir-faire : l’huître plate de Bélon !

L’huître plate est une huître endémique européenne dont raffolent déjà les Romains. Traditionnellement ramassée à la main, notamment, le long des côtes bretonnes, elle se raréfie sous le Second Empire.

Napoléon III, alarmé, confie à Victor Coste, la mission de trouver une solution à cette disparition. Le naturaliste fait alors appel à son ami, Auguste de Solminihac, propriétaire du château de Bélon, pour commencer à cultiver la fameuse huître plate : ce sont les débuts de l’ostréiculture !

Depuis 1864, l’huître de Bélon est donc cultivée, face au château, grâce au savoir-faire séculaire de la famille.

Dans les années 1920 à 1960, une épizootie s’attaque aux huîtres plates qui disparaissent quasi totalement du littoral français, remplacées par les huîtres creuses venues d’Asie.

À Bélon, pourtant, l’huître plate est conservée et fait toujours le bonheur de ceux qui la dégustent.

Son petit goût particulier de noisette n’est pas un hasard. Les huîtres sont, en effet, aussi bien alimentées par les eaux douces de la rivière, gorgées de fer et de sels minéraux, que par les eaux salées de l’océan Atlantiques, qui se mêlent à celle du cours d’eau, lors des deux marées quotidiennes. Ce mélange fait le goût unique de la célèbre huître de Bélon !

Aujourd’hui, François de Solminhac, arrière-petit-fils d’Auguste, et son équipe, vous accueillent pour vous faire partager ce savoir-faire et ce goût exceptionnel, dans un cadre naturel à couper le souffle.

© Franck Adobe Stock

Article rédigé en partenariat avec J’aime mon patrimoine