Pendant des décennies, la Nationale 7 a sonné dans de nombreux foyers français comme synonyme de départ en vacances ! Ralliant Paris à la Côte-d’Azur, le long de 996 kilomètres, cette route mythique est ponctuée de villes qui vivaient au rythme des fameux chassés-croisés de l’été. Aujourd’hui, l’autoroute a largement remplacé cet itinéraire. La N7 s’est transformée en alternative pour vacanciers peu pressés, qui pensent encore que le chemin est plus important que la destination.

À l’heure des premiers départs de l’été, revenons avec nostalgie sur ce parcours bordé d’étapes incontournables :

Première étape à Montargis

À peine sortis d’Île de France, bienvenue à Montargis, dans le Loiret.

 Construite entre le Loing, le Vernisson et le Solin, de nombreux canaux irriguent la ville, lui valant le surnom de « Venise du Gâtinais ». Le plus célèbre de ses canaux est aussi l’un des plus anciens de France : la Canal de Briare. Construit au XVIIe siècle, il relie les bassins de la Seine et de la Loire.  Afin de franchir ces nombreux cours d’eau, la cité ne compte pas moins 131 pont et passerelles qui ne demandent qu’à vous offrir des balades romantiques.

© OT Agglomération de Montargis

Montargis a également vu naître l’un des peintres emblématiques du règne de Napoléon Ier : Anne-Louis Girodet. Élève le plus brillant de Jacques-Louis David, il s’inscrit naturellement dans le courant néoclassique, mais empreinte de poésie, son œuvre préfigure également le courant romantique. Pour découvrir le travail du peintre mais également d’autres artistes natifs de Montargis, dont le sculpteur Henry de Triqueti, rendez-vous au musée Musée Girodet, situé dans l’ancien Hôtel de Ville.

Deuxième étape à Lapalisse

Ce nom de Lapalisse fait écho aux célèbres lapalissades, truismes injustement liés à Jacques II de Chabannes, Seigneur de La Palice, dont le château, à l’architecture médiévale et Renaissance, domine toujours la ville.

Ce vaillant maréchal de François Ier, ayant trouvé la mort au cours de la bataille de Pavie, est honoré par ses soldats puis son épouse par ses mots « Hélas s’il n’était pas mort, il ferait encore envie ». Au fil des siècles la sentence est dévoyée et se transforme en « S’il n’était pas mort, il serait toujours en vie. ». Ainsi sont nées les lapalissades !

Mais le maréchal de Chabannes n’est pas la seule célébrité de La Palice, il partage la vedette avec… les embouteillages !

Longtemps la ville traversée par la Nationale 7 a connu de gros encombrements automobiles à chaque journée de départs ou retours de vacances. Avec la construction d’une déviation en 2008, le centre-ville a retrouvé son calme, emmenant quelques nostalgiques à imaginer un événement biennal : le Bouchon de Lapalisse. Ce rassemblement festif voit se réunir 200 à 300 véhicules des années 1950 et 1960 au cours d’un week-end, pour recréer cette ambiance de départ en vacances des Trente Glorieuses.

Troisième étape à Charlieu

Charlieu entre dans l’histoire sous le règne de Charlemagne, comme en témoigne son nom tiré de Carus Locus, signifiant le « lieu de Charles », désignant une terre relevant du fisc carolingien.

Située sur les voies de communication entre le nord de l’Europe et l’Italie, la ville prospère est peuplée de marchands, artisans et tisserands, qui trouvent dans le Sornin la source d’eau vitale pour leur activité. Cette dernière devient prépondérante au XIXe siècle avec l’implantation du tissage de la soie à Charlieu. Entre les deux guerres mondiales, la ville compte plusieurs milliers de métiers à tisser en fonctionnement.

La prospérité de la ville au fil des siècles se lit dans son architecture bourgeoise médiévale, Renaissance et classique, tandis que son identité de ville tisserande est célébrée chaque année, le deuxième week-end du mois de septembre.

Lors des Grandes Fêtes de la Soierie, des enfants de 4 à 6 ans, obtiennent les charges de roi, reines, dauphins et dauphines. Vêtus de soieries bleues et blanches, tout comme leur cours (leur famille), ils mènent les festivités dédiées à la Vierge, patronne des tisserands.

Quatrième étape à Trévoux

Plantée sur la rive gauche de la Saône, Trévoux naît comme ville frontière au IXe siècle. Lors du partage de l’Empire Carolingien elle garde l’entrée du Saint-Empire Romain Germanique. Pour protéger le péage, la ville se dote de remparts et d’un château-fort dont elle conserve encore aujourd’hui le donjon octogonal et polychrome.
Sous la domination des Bourbons, la ville prend son essor et devient capitale de la principauté de Dombes. C’est sous l’égide d’Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle qu’est fondé l’Hôpital Montpensier en 1686 et sa célèbre apothicairerie. L’Hôpital a connu quelques restructurations dans les années 2000 et deux de ses ailes historiques accueillent désormais une médiathèque et l’école de musique de la ville.

L’apothicairerie a, quant à elle, été entièrement démontée et remontée au sein de Carré Patrimoine de Trévoux. Elle conserve toujours 121 pots à pharmacie en faïence dont 19 sont classés Monument Historiques. Les boiseries des XVIIIe et XIXe siècles ont elles aussi été préservées et peuvent être admirées par les visiteurs.

Cinquième étape à Crest

Crest est visible à des kilomètres à la ronde grâce sa célèbre tour, plus haut donjon médiéval de France encore debout.
Cette tour est fondée dès le IVe siècle de notre ère, sa base conserve encore ses fondations antiques. Les hauteurs de la tour datent eux du XIe au XIVe siècle pour arriver à une dimension impressionnante de 52 mètres de haut, 20 mètres de large et 32 mètres de long ! Le donjon et son château sont disputés par les comtes de Valentinois et les évêques-comtes de Die avant de revenir aux mains du roi de France au cours de la Guerre de Cent Ans.

 

Sous le règne de Louis XIII le château est détruit tandis que la Tour est transformée en prison. Surnommée la Bastille du Sud, elle voit de nombreux prisonniers défilés, qui ont laissé des graffitis en témoignage de leurs conditions d’emprisonnement.

Crest est également connue pour sa fête de l’Ail de la Drôme qui se tient chaque année à la mi-juillet, sous la direction de la « Confrérie des chevaliers de l’ail de la Drôme ». 

Sixième étape à Pernes-les-Fontaines

© Michel HUGUES

Dernière étape avant l’arrivée vers la Grande Bleue : Pernes-les-Fontaines. Située dans le Vaucluse, l’ancienne capitale du Comtat Venaissin est blottie au pied du Mont Ventoux.

La ville, sous protection papale, accueille au XIVe siècle, les juifs expulsés du royaume de France par Philippe Le Bel. Sa synagogue est détruite lors d’une nouvelle expulsion au milieu du XIVe siècle, mais l’Hôtel de Cheylus conserve un superbe Mikve. Ce bassin réservé aux femmes, daté du XVIe siècle est l’unique exemple de ce type d’architecture dans un espace privé. Il témoigne de cette histoire mouvementée et difficile des Juifs du Pape dans le Comtat Venaissin.

Pernes est également connue pour ses nombreuses fontaines qui lui ont donné son nom. Elles voient le jour au XVIIIe siècle après la découverte de la source Saint-Roch. La ville compte jusqu’à 100 fontaines, mais n’en conserve aujourd’hui « que » 41, la source ne permettant plus de toutes les alimenter. Huit d’entre elles sont classées Monuments Historiques.

Article rédigé en partenariat avec J’aime mon patrimoine